Jean-Dominic Leduc
Sur la pile : X-Factor 87
Il y a 30 ans paraissait dans les kiosques à journaux et librairies de comics X-Factor #87. Un étonnant joyau au coeur de cette période spéculative sombre où régnaient en maîtres les comics emballés sous vide, les couvertures criardes, les tirages démesurés, faisant courir les collectionneurs - non les lectrices et lecteurs - et menant ultimement à l’effondrement du milieu, engendrant dans son sillon de nombreuses faillites d’éditeurs, distributeurs et commerçants.
Un joyau, donc, puisque l’équipe de création livra alors non seulement une excellente histoire imperméable à l’environnement putride du moment, mais surtout, un récit fidèle à l’esprit « Marvel » des débuts, alors que Stan Lee, Jack Kirby et Steve DItko prirent le pari de mettre en scène des héros psychiquement fragiles et foncièrement humains.
Le scénariste émérite Peter David, attitré depuis quelque mois à X-Factor, pousse ses héros à une consultation chez le psychologue. Sorti ébranlé du mégaévénement X-Cutioner’s Song où le dirigeant des X-Men Charles Xavier fut visé par un attentat (série nullement nécessaire pour apprécier ledit numéro), le groupe tente de se remettre du traumatisme. Chacun des membres défile à tour de rôle devant le psychologue - dont on ne découvre l’identité qu’à la dernière page -, offrant une véritable classe de maître d’écriture. Douance, intimidation, dépendance affective, trouble de stress post-traumatique, trouble de la personnalité multiple, complexe physique, le tout ponctué de moments sensibles et comiques.
