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  • Photo du rédacteurJean-Dominic Leduc

Carnet de lectures : Le repaire de la murène

Dernière mise à jour : 4 oct. 2022

Naître à Valleyfield en 1976 n’était pas un choix.

Cette banlieue-dortoir, dont les surnoms « Venise du Québec » et « capitale du Suroît » n’altèrent en rien l’étendue de sa beigitude, n’avait que très peu à offrir à l’enfant imaginatif et renfrogné que j’étais.

Jusqu’au jour béni de mon 5e anniversaire, alors que mes parents m’amenèrent à la librairie Boyer pour que je puisse me choisir un livre. J’y fis la rencontre inespérée d’André Franquin, jetant mon dévolu sur le 9e album de la série Spirou et Fantasio : Le repaire de la murène. En plongeant dans cette aventure aquatique peuplée de vilains pirates et du fantastique Marsupilami, je venais non seulement d’enfin trouver en la bande dessinée de quoi sustenter mon imaginaire, j'y rencontra des amis pour la vie. La majorité des lectrices et lecteurs leur préféraient Tintin, que je trouvais ennuyant, sauf lorsque les Dupontds, le professeur Tournesol et Haddock se pointaient. Et encore. J’avais besoin de baroque plus que de classicisme à cet âge, faut croire.

La fréquentation de la bande dessinée me sauva la vie à plus d’une occasion - j’y reviendrai peut-être un jour -, et me permis de traverser les steppes arides de l’adolescence, et celle, interminables, de ma formation d’acteur de 4 ans, mais aussi et surtout, de faire la rencontre d’extraordinaires humains.

L’un de ceux-là est mon ami belge Marc Scholl. Rencontré en 1996 à Ciney lors d’une tournée de théâtre avec le Collège de Valleyfield, nous nous liâmes d’amitié instantanément en parlant BD lors d’un repas d’équipe. Il me raconta avoir rencontré Franquin à de multiples occasions, me présenta son imposante collection dans le grenier qui lui servait d’appartement, je lui parlai de Michel Risque, de Red Ketchup, de Gilles Lajungle et de Serge Gaboury. J’avais enfin rencontré quelqu’un avec qui discuter de cette passion qui m’animait dep